Des coiffeuses sans papier portent plainte pour "traite d'être humain" à Paris
Le 01/09/2014 à 08h40 - Expert Zone
Depuis le 24 Juillet, un groupe de coiffeuses sans papiers d'un salon du quartier du Château-d'Eau, près de la Gare de l'Est, occupent le local de leur propriétaire. Et il faut reconnaître que les coiffeuses sont plutôt déterminées... Ce qui a mené à cette situation ? Des conditions de travail illégales pour les employées sans papier venant de Guinée, du Mali ou du Nigéria : en effet, les coiffeuses étaient payées par leur patron "à la tâche", pour un montant total de 400 euros par mois, le tout en travaillant 7 jours sur 7, de 9h à 23h. Une situation révoltante qui n'a pas tardé à mener à une grève, puis à l'obtention de contrats de travail, suite au coup de pression de la CGT sur le dossier.
Mais non satisfait de cette situation, le chef d'entreprise a, le 8 juillet, déposé le bilan. Les salariés et la CGT décident alors de porter l'affaire devant les tribunaux en attaquant l'ancien patron pour "traite d'êtres humains, faillite frauduleuse, escroquerie, conditions de travail indignes, abus de vulnérabilité, rétribution inexistante ou insuffisante". Des chefs d'accusation graves qui pourraient bien mener le patron tout droit en prison. La responsable CGT s'indigne : "C'est une zone de non-droit du travail. Il faut que les services de police enquêtent et assurent la protection de ces salariés".
Mais l'affaire semble plus complexe que prévue... En effet, il semblerait que le patron du salon fasse partie d'un réseau mafieux qui régit le Château-d'eau depuis des années. : "Une poche de non-droit, en plein Paris, où l’on pratique la traite des êtres humains, l’exploitation de personnes vulnérables, dénoncent les représentants de la CGT. Au point que les gérants de ces enseignes se concertent pour que pas plus de sept salariés par boutique s’expriment dans la même langue. Un stratagème pour éviter qu’ils se liguent contre les patrons"...
Bref, une affaire qui fait grand bruit, et qui fait tâche au 57 boulevard de Strasbourg. Mais les employées, loin d'être résignées, attendent sereine le jugement du tribunal le 23 Octobre, qui statuera ou non sur leur expulsion, comme l'a demandé leur ancien patron. Affaire à suivre donc !