Coiffeurs en prison
Le 13/11/2009 à 10h23 - Infos coiffure
A Strasbourg, les employés des salons de coiffure Kraemer sont en train de tenter une expérience intéressante : coiffer des détenus chaque semaine. Comme chaque premier lundi du mois, 2 employés du salon Kraemer viennent couper gratuitement les cheveux aux 27 détenues de la prison de Strasbourg. Ce projet a été initialisé par Armand Perego, le président départemental de la croix rouge, qui a tout de suite reçu le soutient de Yannick Kraemer, coiffeur Strasbourgeois. « Nous souhaitons montrer aux détenues que la société civile ne les oublie pas, qu'elles ont le droit d'être respectées et de conserver leur dignité. La privation de liberté est une punition suffisante »
Un vieux bac à shampoing, deux chaises, quelques posters accrochés aux murs fraîchement repeints ont suffi à transformer une ancienne cellule en salon de coiffure. Quasiment toutes les prestations classiques d'un salon de coiffure y sont pratiquées : Carré plongeant, frange, mèches ou brushing. « A l'exception des colorations, nous leur proposons les mêmes services que dans un salon classique, précise Amel Ben'm Barka, la coiffeuse bénévole. On essaie de leur apporter du bien-être et de leur redonner le sourire. »
« On retrouve dans cette pièce une des choses les plus importantes que nous avons perdue en entrant ici : notre féminité, souligne-t-elle. En prison, nous sommes toutes habillées en jogging et en basket. Les débardeurs et les jupes sont interdits. Nous n'avons pas le droit non plus d'apporter du maquillage ou une crème de jour. Il faut les commander mais cela met plusieurs mois à arriver. Difficile dans ces conditions d'être féminine. Il est important pour nous d'être présentables, de nous sentir belles lorsque nous retrouvons notre famille au parloir » souligne Marie, jeune détenue. Elle ne rate d'ailleurs aucun rendez-vous. « Je n'ai pas besoin de me faire couper les cheveux. Mais je viens quand même pour un brushing. Ça fait un bien fou. L'espace d'une heure, on s'évade. Nos soucis sont loin derrière nous. On ne pense plus à rien. ».
De 9h à 17h, les détenus vont se succéder dans ce salon de fortune. « Nous avons créé des listes d'attente pour éviter la cohue. Les femmes incarcérées ont souvent une image négative d'elles-mêmes. Là, elles ont la chance d'être prises en main par des personnes extérieures à l'établissement, des coiffeurs réputés qui plus est » précise Elise Chappuy, la directrice adjointe de la maison d'arrêt de Strasbourg. Une vingtaine de salariés des salons de coiffure Kraemer se relaient chaque mois à la maison d'arrêt de Strasbourg.