Vente de produits professionnels aux particuliers : pas la priorité de l'UNEC

Le 03/10/2014 à 15h02 - Expert Zone


C'est une vraie douche froide qui vient d'être donnée par l'UNEC au mouvement "Coiffure en danger". En effet, après avoir crié haut et fort que l'UNEC allait engager des procédures pour stopper la vente de produits de coiffure professionnels aux particuliers, il semble bien que le "syndicat des coiffeurs" ait finalement décidé de revoir la priorité du sujet, selon les propos rapportés par le magazine L'éclaireur qui a écrit suite au MCB un très bon papier sur le sujet. 

Pour rappel, L'UNEC, sous la houlette de Bernard Stalter avait annoncé à plusieurs reprises que le "syndicat des coiffeurs" allait se saisir du dossier, et avançait main dans la main avec le gouvernement et la répression des fraudes. En effet, dans notre article "Le mouvement Coiffure en danger entendu par la FNC", Bernard Stalter, alors en période de campagne pour la présidence de l'UNEC, déclarait par voie de communiqué de presse : "Dans l’hypothèse où Monsieur STALTER serait élu, il s’est engagé à aider le mouvement « coiffure en danger » pour répondre à ces deux questionnements juridiques. Cette démarche supposera d’y consacrer les moyens et le temps nécessaire pour apporter une réponse juste et en droit"

Une promesse qu'il a réitérée lors d'une déclaration, reprise dans notre article "Coiffure en danger : le gouvernerment et la répression des fraudes s'en mêlent..." : "Une réunion de travail avec les services techniques (en particulier ceux en charge de la concurrence et de la répression des fraudes) sera prochainement organisée pour explorer les contours de la législation en matière de vente directe de produits professionnels aux consommateurs par les grossistes. Il s’agit ici d’un préalable indispensable avant toute action.". A l'issu de ces 2 déclarations, il semblait donc que l'UNEC prenait le dossier à bras le corps. 

Pourtant, au travers d'une interview diffusée dans le magazine professionnel L'éclaireur, l'UNEC semble revenir sur ses engagements :

Une déclaration qui a été comprise par les fondateurs du mouvement comme un aveu d'abandon de la part du président de l'UNEC. Et effectivement, le ton de l'interview ne laisse pas beaucoup de place à l'interprétation : L'UNEC insiste, des procédures juridiques sont en cours, des discussions vont être engagées avec les fabricants pour limiter le problème dans ses excès les plus flagrants, mais le dossier vient de passer tout en bas de la pile des priorités. Aussi, quelques questions suite à ces déclarations se posent :

Pourquoi l'UNEC revient-elle sur ses engagements? 

Les arguments avancés par Bernard Stalter quant à la prise de position de l'UNEC sur le dossier sont les suivants :

- Des dossiers plus importants requièrent les ressources de la FNC

- La législation européenne ne permettrait pas de limiter la vente de produits professionnels

Effectivement, ce sont des arguments recevables. Mais quand on lit que "nos chances d'obtenir un résultat sont marginales", on se demande à quel moment l'UNEC s'est rendu compte de cela. Est-ce récemment, suite aux consultations juridiques engagées, ou bien le savent-ils depuis le début. Nous n'avons pas la réponse, mais la question mérite d'être posée. 

Pourquoi attendre le MCB pour annoncer la prise de position de l'UNEC ?

Probablement le fait qui nous a le plus troublés dans cette affaire. Le mouvement Coiffure en danger a été entendu par la FNC fin avril 2014. Depuis, grâce à la mobilisation des fondateurs, de nombreux rebondissements ont eu lieu, avec entre autres la lettre reçue de la part du gouvernement etc... Si le mouvement a pris une ampleur inédite en juillet avec la publication de ce courrier, l'UNEC, qui a toujours dit soutenir le mouvement, n'a pourtant pas brillé par son implication sur le dossier.

Pourquoi l'UNEC a -t-elle soutenu le mouvement jusqu'au Mondial, avant de le fustiger au travers de cette interview? Une décision que les responsables du mouvement ont du mal à comprendre, et qu'ils associent au fait que le mouvement avec l'essor qu'il a connu a "fait peur" à l'UNEC à l'approche du MCB. En effet, un trouble-fête alors que le Mondial se relance aurait été mal venu. L'UNEC aurait donc cherché à gagner du temps, et à museler le mouvement en passant un accord avec les fondateurs de Coiffure en danger pour qu'ils ne troublent pas la belle fête qu'à été ce Mondial Coiffure Beauté by Beauté Sélection.

Ce revirement de cap serait-il donc expliqué par l'action qu'ont menés les membres du mouvement sur le Mondial avec la distribution de tracts et d'autocollants? L'UNEC aurait-il tout simplement abattu ses cartes et avoué ses intentions réelles? La question reste pour le moment sans réponse. 

Quel risque pour l'UNEC ?

En prenant le parti de ne pas soutenir le mouvement Coiffure en danger, l'UNEC prend le risque d'une implosion de l'organisation. En effet, on commence à voir se dessiner 2 types de profils dans les rangs de l'UNEC : ceux qui soutiennent la décision, et les autres, à l'image de la FNC de Haute Normandie, qui trouvant que le dossier n'avançant pas assez vite, a pris les devants et a dépêchée elle-même la répression des fraudes locales (qui a d'ailleurs remis un rapport allant dans le sens de l'interdiction). 

Difficile de prédire l'avenir, mais il se pourrait bien que les rangs de l'UNEC se divisent suite à cette décision. Affaire à suivre. 

Qu'en est-il des dossiers prioritaires de l'UNEC ?

Une question complexe, mais qui mérite que l'on s'y attarde. Quand on énumère la liste des dossiers sur lesquels l'UNEC a posé sa priorité :

- L'abaissement des charges : Quand on analyse la position du gouvernement et sa politique d'austérité, on se doute bien que l'abaissement des charges n'est pas d'actualité. Est-on sur le point de déterrer le fantôme de la TVA à 5.5% pour les coiffeurs ?

- L'augmentation du pouvoir d'achat : Quel rapport avec le métier de coiffeur ? Et surtout, en quoi l'UNEC a-t-elle la possibilité d'augmenter le pouvoir d'achat des Français ?

- La résolution des problèmes liés à la santé : un vrai dossier, pour un mal qui touche toute la profession.

- La formation : effectivement, une réforme du BP serait de bon ton... Mais quand on lit qu'il faut "rendre le métier plus attractif", et que l'on sait que la France forme trop de coiffeurs, et que 15 000 salons vont fermer l'année prochaine, l'intérêt de ce sujet semble moins évident. 

Quand on voit cela, on comprend effectivement que l'UNEC s'implique sur certais de ces dossiers. D'autres laissent plus à désirer quant à leurs chances d'aboutissement, et leurs intérêts pour les coiffeurs... 

Au final, on se pose réellement la question de l'implication de l'UNEC sur ce dossier, qui nous en convenons, est extrêmement sensible. Nous nous doutons depuis le début que la tâche des fondateurs du mouvement Coiffure en danger n'allait pas être simple, mais ce revirement de cap de la part de l'UNEC nous laisse perplexes.

Quoi qu'il en soit, les fondateurs du mouvement ont décidé de ne pas se laisser abattre, et ont lancé eux même les procédures qu'ils attendaient de la part de l'UNEC. Affaire à suivre donc, et de source proche du dossier, on entendra très prochainement reparler de cette affaire... 

Si jamais quelqu'un de l'UNEC lit cet article, nous serions ravis de vous laisser une tribune libre pour pouvoir exposer votre point de vue, et la stratégie mise en place par votre organisation. N'hésitez donc pas à nous contacter via notre formulaire de contact

Pour finir, un grand merci à L'éclaireur pour leur article sur le sujet, et pour leur interview. Un sujet traité sans langue de bois, dont il faut saluer la qualité. 

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