Coupe de cheveux à 10 euros, une concurrence déloyale des barbiers low-cost ?
Le 17/02/2023 à 11h08 - Infos coiffure
Coupes américaines, dégradés, design tribaux, ... Depuis quelques années, apparus en même temps que la mode des "hipsters", les Barber Shop se sont intégrés au paysage de nos villes, et se sont invités dans le marché de la coiffure, en grignotant des parts du gâteau... doucement mais sûrement, avec une progression de 6% par an, tout de même !
Une profession longtemps oubliée, mais qui revient en force, avec un cadre légal parfois un peu flou. Même si la majorité de ces commerces sont tout à fait professionnels et diplômés, c'est un milieu souvent décrié, considéré comme à la limite de la légalité par les coiffeurs traditionnels. A tort ou à raison ? En tout cas, les "affaires" sont nombreuses dans les journaux : travail dissimulé, comptabilité approximative, hygiène douteuse, exercice illégal de la profession de coiffeur, ...
Cette catégorie de commerces low-cost n'est pas du goût des salons de coiffure traditionnels, qui considèrent que l'image du métier s'en trouve dégradée : "10 minutes de tondeuse pour 10 balles... on est plus proche du métier de toiletteur que de coiffeur !", nous confie une coiffeuse installée depuis 30 ans.
En France, il n'est pas légal d'ouvrir un salon de coiffure sans Brevet Professionnel, ou sans que l'un des salariés ne le possède. Pour le Barber Shop, normalement, c'est la même chose... Mais il existe une exception, qui rend possible l'ouverture d'un salon sans aucun diplôme : l'activité doit être complémentaire à l'activité principale et destinée exclusivement aux hommes, dans une commune de moins de 2000 habitants. Dans ce cas, il est donc tout à faire possible, et en toute légalité, de tailler des barbes comme activité principale, et couper les cheveux de façon secondaire. Même si dans la réalité, l'un ne va généralement pas sans l'autre...
Une concurrence déloyale ?
Avec des prix aussi agressifs, difficile pour les salons de coiffure traditionnels de lutter.
Chez les BarberShop, "La coupe à 10 euros", est un slogan qu'on retrouve affiché dans toutes les villes de France, et qui pourrait faire douter de la qualité du service. Pourtant, ce positionnement low cost attire bien les clients : « Chez un coiffeur classique, on me refuse pour faire un dégradé à blanc. Et il faut prendre rendez-vous, attendre, et on est jamais satisfaits. Chez le Barber, c'est 10 euros, sans RDV, c'est rapide et bien fait ! »
A ce prix, pas le temps de s'attarder, il faut enchainer les clients, et un seul employé peut prendre en charge plus de 30 personnes par jour. Pas de shampoing, pas de soins, un passage à la tondeuse ou au rasoir : le service est minimaliste.
Christophe Doré, vice-président de l'Union Nationale des Entreprises de Coiffure, n'y voit pas de problème. « Chacun est libre de fixer ses prix, ce sont les clients qui déterminent de la qualité du service. Si le salon est plein c'est qu'ils y trouvent leur compte ».
Certains gérants de salons ne sont pas du même avis, et se montrent suspicieux : "Quelque chose ne me paraît pas normal. Déjà que beaucoup n'ont pas les diplômes que nous avons dû passer... et puis une coupe à 10 euros, une taille de barbe à 5 euros, comment est-ce possible ? Ils n'ont pas de charges à payer, pas de TVA ? Est-ce que quelqu'un effectue des contrôles ? Je n'ai pas l'impression. "
D'autres sont plus détachés : "Pour ma part, je ne me sens pas en concurrence car nous n'avons pas la même clientèle, même si je me demande toujours si tout cela est bien légal... "